Malika a 30 ans. Dans cette interview, elle nous parle de son enfance difficile et de tout ce qu’elle a mis en place pour gagner en confiance en elle et se relever plus forte des épreuves qu’elle a traversées. Si tu es dans cette situation, tu peux te faire aider par des associations compétentes !!
Une enfance difficile qui laisse des séquelles
Parle-moi de ton enfance ?
Malika : Mon père, marocain, est décédé quand j’étais très jeune. Avec ma mère, française, on a emménagé chez mes grands-parents paternels, en France. Ils étaient agriculteurs et vivaient loin du village où se trouvait mon école. Quand j’ai eu 8 ans, on a déménagé avec ma mère pour s’installer dans ce village. Ma mère a très mal supporté le regard des autres sur notre famille monoparentale. Au niveau financier, ce n’était pas la joie non plus donc elle a été violente envers moi. J’ai commencé à prendre du poids jusqu’à devenir obèse. Je subissais donc les violences à la maison et le harcèlement de mes camarades sur mon physique à l’école. Je me suis renfermée sur moi. J’étais vulnérable et je n’osais rien dire. Cette partie de mon enfance a été difficile.
Comment tu te voyais ?
Malika : J’avais un dégoût total de moi. Alors vers 14 ans, j’ai voulu ressembler à tout le monde et j’ai arrêté de m’alimenter. Je suis tombée dans l’anorexie pendant 5 ans. Ça m’a donné la sensation de reprendre le contrôle de ma vie. J’ai repris confiance et ça m’a permis de me défendre. Malheur à ceux qui se moquaient de moi (rire) ! Je suis passée du tout au rien : je me sentais super puissante et intégrée. C’était une façon de me protéger, je manquais toujours d’assurance et de confiance.
Que s’est-il passé ensuite ?
Malika :J’ai redoublé ma seconde à cause de l’anorexie. J’ai vu des psychologues car je me scarifiais. J’avais des idées noires, je n’avais pas le courage de passer à l’acte mais je pensais souvent au suicide. Je me disais que la vie ne valait pas la peine d’être vécue, que je n’étais pas assez jolie, pas assez intelligente, pas assez intéressante. Je suis tombée sur des professionnels qui ne m’ont pas vraiment aidée. L’une d’entre eux m’a même dit que « c’était à la mode chez les jeunes filles » de se scarifier…
Ensuite, j’ai eu mon BAC. J’ai pu quitter la maison et la violence de ma mère pour aller étudier la psychologie. Je suis sortie avec un garçon très bienveillant. Tout ça m’a permis de me recentrer sur moi et mon histoire. J’ai commencé à me responsabiliser, à quitter ma posture de victime.
J’ai regardé des vidéos, des témoignages, j’ai lu des biographies. Petit à petit, je me suis reconstruite.
La seule chose qui ne guérissait pas c’était la gestion de ma colère. Quand je me disputais avec mon copain, mon but était de le faire souffrir autant qu’il m’avait fait mal. Mon attitude était agressive et toxique.
Je suis ensuite rentrée chez Coach Académie (école de coaching) et c’est là que tout s’est bien cicatrisé. Le coaching m’a permis de réfléchir autrement, de démonter mes anciens schémas.
Dans quels autres domaines ce manque de confiance en soi te bloquait-il ?
Malika : Tout d’abord, dans le domaine amoureux. Je n’osais pas aller vers les garçons. Et si un mec me faisait un compliment, je pensais que c’était pour m’humilier et se moquer de moi.
A l’école j’avais peur d’être interrogée ou de passer au tableau. Alors j’apprenais mes cours comme une folle. Le fait d’être super bien préparée comme ça me permettait d’avoir confiance.
Je complexais sur ma façon de m’exprimer car je venais d’un milieu social défavorisé. Je manquais de vocabulaire. Et quand j’étais stressée, je bégayais,je perdais mes mots ou mes phrases étaient disloquées. Je pensais que tout ce que je disais ce n’était pas intéressant car j’estimais ne pas avoir de culture.
Faire preuve de résilience et sortir grandie de cette enfance difficile
Quels comportements ont changé chez toi depuis que tu as confiance en toi ?
Malika : Je prends la responsabilité de ma vie. Je ne suis pas responsable de ce qui m’est arrivé mais je suis responsable de ce que j’en fais aujourd’hui. Avant je pensais que les choses arrivaient par chance ou malchance, qu’on ne pouvait pas les provoquer. Aujourd’hui, je vais chercher les opportunités.
Je sais aussi gérer ma colère : je m’isole, je souffle et je laisse passer l’émotion. Et seulement après, je suis ouverte à l’échange, pas avant.
Je prends soin de moi et de mon alimentation : je scanne les produits douteux avec l’application Yuka et je ne mets dans mon corps que de la nourriture saine.
Avant j’avais du dégoût quand je me regardais dans une glace. Aujourd’hui, je n’aime pas certaines partie de moi comme mon ventre ou mon nez mais je les ai acceptées, je ne les déteste plus.
J’ai aussi changé ma façon de m’habiller. Avant je voulais ressembler à tout le monde, me fondre dans la masse pour ne pas me faire remarquer. J’avais les mêmes tenues que tout le monde. Aujourd’hui, je m’affirme beaucoup plus dans mes tenues.
Quel est le plus grand apprentissage que tu aies fait dans cette quête de confiance en toi ?
Malika : J’ai réalisé que, comme tout le monde, je peux arriver à faire de grandes choses mais je dois m’en donner les moyens. Je pensais que je n’avais pas l’intelligence nécessaire ou de dons particuliers. Si je devais retenir quelque chose, c’est que tout s’apprend, même la confiance en soi (je te donne ici mes meilleurs conseils pour gagner en confiance en soi) !
Quel conseil donnerais-tu à une femme a vécu une enfance difficile et qui manque de confiance ?
Malika : De faire le portrait de la femme qu’elle a envie de devenir pour savoir où aller. Et puis de se faire coacher. Parce que lire des livres c’est bien mais on reste toujours dans de la théorie. Pour gagner en confiance en soi, il faut agir. Le coach permet d’avancer, de mettre en place un plan d’action.
